Aux origines des cabarets parisiens
Le mot « cabaret », apparu dans la langue française au XIIIe siècle, ne désignait à l’origine qu’un débit de boissons. Apparenté à une taverne, les clients pouvaient y consommer du vin et, souvent, un repas complet. Ceux où il était également possible de dormir étaient appelés auberges.
Ce type d’établissement existe en Europe depuis les temps anciens. Dans ces lieux de convivialité, de sociabilisation et de rencontre où se croisent les gens du peuple, les ouvriers, les vagabonds, les faux-monnayeurs et les prostituées, il n’est pas rare de s’adonner à l’ivresse. En plus de pouvoir s’y enivrer et s’y restaurer à toute heure du jour et de la nuit, on y fume, on y fait affaire, on y joue à des jeux de hasard et, parfois, on s’y bagarre.
Les vieux cabarets des origines sont donc bien différents de ceux que nous connaissons aujourd’hui. Ce ne sont alors pas des lieux de spectacle, bien qu’à l’occasion il soit possible d’assister à des performances improvisées lorsque, galvanisés par l’effet de l’alcool, les poètes se mettent à déclamer leurs vers ou les clients à pousser la chansonnette.
Du café-concert au cabaret artistique
À partir du XVIIe siècle, Paris compte de nombreux cafés. Ces derniers étaient des lieux de rassemblement, mais l’on n’y servait, à l’époque, ni alcool, ni repas. Plus ordonnés et « civilisés » que les cabarets, ils étaient moins propices à la débauche.
Toutefois, c’est bien dans les cafés, autour des années 1830, que des spectacles commencent à être proposés aux clients pour les distraire. Les propriétaires font installer une estrade à l’intérieur de leurs établissements pour permettre à des chanteurs et musiciens de s’y produire. Rapidement surnommés les cafés-concerts, ou plus familièrement les « caf’conc », ils atteignent leur apogée entre les années 1860 et 1890. Au XIXe siècle, la périphérie de Paris abrite également de multiples guinguettes, sortes de bals populaires où l’on peut boire, manger et danser sur les sons d’un orchestre.
Le mot « cabaret », quant à lui, ne prend un autre sens qu’à partir de 1881. Cette année-là, Rodolphe Salis crée un établissement d’un nouveau genre : le Chat Noir. Situé au pied de la butte Montmartre, ce cabaret est le premier débit de boisson à prétention artistique. Conçu comme un espace de liberté d’expression et de création, les clients peuvent y consommer des boissons alcoolisées tout en assistant à des performances artistiques.
L'expansion des cabarets à Paris, en Europe et dans le monde
Le concept de cabaret, au sens d’un lieu de divertissement artistique où l’on peut aussi se sustenter, se décline à Paris dès la fin du XIXe siècle, puis s’exporte très vite dans l’Europe entière. L’épopée du cabaret commence. De l’Espagne à l’Allemagne, de l’Autriche au Royaume-Uni, de la Tchécoslovaquie à la Russie, l’exemple du Chat Noir fait école.
Durant la Belle-Époque, les cabarets parisiens et ceux qui fleurissent dans les grandes villes européennes comme Berlin, Vienne, Budapest, Prague ou Saint-Pétersbourg, proposent des spectacles variés qui mêlent poésie, musique, comédie, théâtre, danse et acrobatie dans un style généralement subversif. À Paris, le French Cancan y est également mis à l’honneur.
Partout en Europe, bon nombre de cabarets deviennent aussi des lieux de rencontre privilégiés pour les intellectuels et les artistes qui y trouvent un espace où s’exprimer et échanger sur l’art, la politique et la société. Les cabarets ont ainsi souvent reflété les tendances sociales et culturelles de leur temps et contribué à propager l’esprit de la modernité. À titre d’exemple, le mouvement Dada est né au Cabaret Voltaire, à Zurich, en 1916.
D’autres villes du monde, notamment outre-Atlantique aux États-Unis et au Canada, ont adopté cette forme de divertissement. À New York, par exemple, le cabaret a pris une forme distincte avec des établissements comme le Cotton Club et le Café Society où s’est épanoui la scène musicale jazz.
Malgré cette expansion mondiale, Paris a toujours conservé une place spéciale dans l’histoire des cabarets.
L’Histoire mouvementée du plus vieux cabaret de Paris
En janvier 1889, au cœur du Quartier Latin, l’inauguration d’un cabaret, le Paradis Latin, ne passe pas inaperçue. Construit à l’occasion de l’Exposition Universelle qui se tient cette année-là, comme la Tour Eiffel, le Paradis Latin éblouit le public par sa beauté architecturale. Les deux édifices sont l’œuvre de Gustave Eiffel.
Le site où se trouve le Paradis Latin a une histoire encore plus ancienne. Avant de devenir un célèbre cabaret, il abritait le Théâtre Latin, fondé en 1803 par Napoléon Bonaparte. Mais le théâtre fut détruit par un incendie en 1870. Sa réédification par Gustave Eiffel a permis de le faire renaître en tant que cabaret. Le bâtiment reconstruit a survécu à travers les âges.
Aujourd’hui, le Paradis Latin est le plus ancien cabaret de Paris encore en activité. Depuis des décennies, il attire des visiteurs du monde entier avec des spectacles époustouflants qui, fidèles à la tradition du cabaret parisien, intègrent systématiquement un numéro de French Cancan.
En plus des spectacles, le Paradis Latin propose des dîners savoureux, accompagnés de vin et de Champagne, qui complètent parfaitement l’expérience.