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cabarets insolites paris belle époque

Les cabarets les plus insolites du Paris de la Belle Époque

Dans les années 1890, au pied de la butte Montmartre, divers cabarets insolites plus loufoques et extravagants les uns que les autres ouvrent leurs portes. Parmi eux, le cabaret du Ciel, le cabaret de l’Enfer et le cabaret du Néant font sensation. Ces trois établissements exploitaient les différentes thématiques de l'au-delà pour distraire une clientèle hétéroclite en quête de divertissements fantasmagoriques et surprenants. Envie de découvrir l’univers et les bizarreries macabres de ces cabarets « à thèmes » ? Alors, prenez votre entrée et que le spectacle commence !

Le cabaret du Ciel

Notre tournée commence au 53 boulevard de Clichy, dans le cabaret insolite le moins lugubre des trois, à savoir le cabaret du Ciel. L’idée de cet établissement était de parodier les rites et cérémonies religieuses, tout en y insufflant un soupçon d’érotisme.

Sa devanture bleue et blanche, ornée d’étoiles scintillantes et de sculptures d’angelots, faisait d’entrée de jeu la part belle au thème du Paradis. Après avoir franchi la porte, les visiteurs atterrissaient sous la voûte d’une vaste salle à l’aspect de cathédrale. Au milieu de celle-ci se tenait un « banquet céleste » : une longue table autour de laquelle on buvait des nectars et autres boissons sacrées dans des calices, tandis que résonnaient des notes solennelles d’orgue ou de harpe.

cabaret du ciel intérieur

Pendant qu’ils étanchaient leur soif, les clients assistaient tour à tour aux prédications du maître de cérémonie (un homme avec une longue barbe vêtu d’une sorte de robe de mage), à des performances de danseuses dénudées, ainsi qu’à une succession de scénettes dépeignant les voluptés du Paradis de façon humoristique et érotique. L’ambiance se voulait plus joviale qu’angélique, même si les serveurs portaient des tuniques blanches, des perruques blondes bouclées et des ailes dans le dos tels des séraphins… et que la clientèle était aspergée d’eau bénite !

Un homme incarnant Saint Pierre, qui tenait une grande clé, guidait ensuite les convives au premier étage, comme pour symboliser la montée au Ciel. Là, dans une salle décorée d’innombrables stalactites dorés, les spectateurs admiraient des anges suspendus dans les airs et d’autres illusions d’optique divines et coquines, leur donnant la sensation d’avoir véritablement atterri au Paradis.

À la fin du spectacle, Saint Pierre pressait les visiteurs vers le cabaret insolite voisin : le cabaret de l’Enfer.

Le cabaret de l’Enfer

Pour notre prochaine destination, inutile d’aller bien loin, puisque le cabaret de l’Enfer jouxtait celui du « Ciel ».

Tel un jumeau maléfique, il « avalait » ceux qui osaient s’y aventurer via une imposante et monstrueuse porte en forme de gueule béante aux crocs acérés et surplombée de deux yeux exorbités. Son impressionnante façade noire et rouge devait probablement donner l’impression aux badauds de pénétrer dans une maison hantée de fêtes foraines.

À l’entrée, un portier déguisé en Méphistophélès s’exclamant « Entrez, et soyez damnés ! » mettait immédiatement dans l’ambiance, toutefois plus amusante que véritablement effrayante. Les visiteurs découvraient alors un décor de grotte fait de nombreuses sculptures démoniaques. Les murs, desquels s’échappaient de la fumée, étaient parsemés de cavités d’où s’écoulaient comme de la lave en fusion.

cabaret de l'enfer intérieur

Tandis qu’un homme grimé en Satan apostrophait les clients attablés, les commandes étaient prises et servies par des diablotins. Quant aux musiciens, ils « mijotaient » dans un grand chaudron, qui n’était en fait qu’une attraction excentrique de plus pour les « damnés » qui souhaitaient, à leur tour, faire mine d’y bouillir.

Satan ordonnait ensuite qu’on conduise les clients dans son antre : une pièce où des illusions d’optique perverses et divers numéros diaboliques s’enchaînaient sous les éclats de rires.

Le cabaret du Néant

Terminons notre virée des cabarets insolites en traversant la rue, puis en descendant le même boulevard en direction de Pigalle, jusqu’au numéro 64. C’est à cette adresse que Dorville, un illusionniste auto-proclamé « fossoyeur en chef », ouvre un lieu assez fou : le cabaret du Néant. Celui-ci avait pour vocation de parodier le pessimisme ambiant de l’époque, et de titiller les superstitions et représentations autour de la mort.

Afin de plonger immédiatement l’assemblée dans l’ambiance, un croque-mort invitait les clients à entrer dans la « salle d’intoxication », autrement dit le bar. Lustre fait avec un crâne et des tibias, éclairages tenus par des ossements, cercueils faisant office de tables et citations morbides recouvrant les murs… Le décor est planté ! Les serveurs vêtus comme des employés des pompes funèbres participaient également à créer une atmosphère mortuaire.

Le menu, qui usait de jeux de mots sinistres, annonçait la couleur : « Il faut moult rires ! Enfer et contre tout ». Les clients avaient ainsi le choix entre une « raie quiem », du « choux-pleurs », un « ci-gît got rôti », un « corbillard de fruits » et d’autres mets d’outre-tombe pour réveiller leurs papilles.

cabaret du néant salle d'intoxication

Mais c’est dans le « caveau des trépassés », salle humide et sombre où se déroulait le spectacle principal, que le macabre montait d’un cran. Après avoir fait l’acquisition d’un cierge, les clients s’asseyaient sur des bancs, face à une scène sur laquelle trônait un cercueil placé à la verticale. Une personne de l’assemblée était alors invitée à s’installer dans le cercueil pour se décomposer sous les yeux des spectateurs, jusqu’à se métamorphoser complètement en squelette, grâce à un ingénieux effet d’optique.

Même s’il attirait une foule de curieux, le cabaret du Néant se fit rapidement une mauvaise réputation. La faute à des spectacles jugés souvent plus sinistres et décadents que parodiques. N’étant pas du goût de tout le monde, ils déclenchaient parfois de vives critiques dans la presse.

cabaret du néant caveau des trépassés

Après deux guerres mondiales, badiner avec la mort ne fait plus recette. C’est donc tout naturellement que ces cabarets insolites d’un genre funeste finiront par disparaître. Aujourd’hui, il en reste le concept des restaurants à thèmes ; et ce sont désormais les cabarets de type music-hall à l’ambiance féerique et glamour qui attirent la clientèle, à l’image du Paradis Latin, le plus ancien cabaret de Paris, et de son spectacle hors du commun.

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